Après six heures de route, un traversier et le cocktail de bienvenue, voilà que les festivités de la 41ᵉ édition du Festival de la chanson de Tadoussac sont officiellement lancées. Cette soirée d’ouverture du 12 juin 2025 regroupait des propositions musicales idéales pour les plus patriotiques d’entre nous, accueillant des artistes francophones variés qui ont su « dégourdir le canayen », comme on dit en bon québécois. Un coup d’envoi prometteur pour le reste du festival, qui se clôturera le dimanche 15 juin.

Marie-Pierre Arthur

Quoi de mieux que Marie-Pierre Arthur afin d’amorcer le Festival de la chanson de Tadoussac ? Une seule réponse : Marie-Pierre Arthur, mais dans une église. C’est en effet dans le presbytère de Tadoussac que l’artiste et sa voix puissante que le public pourrait reconnaître entre mille, venait continuer la présentation de son plus récent projet Album Bleu à travers les divers festivals du Québec. Plus R&B que ses derniers opus, elle adapte ses arrangements musicaux à son apogée grâce au maniement expert de sa basse et à la collaboration du groupe qui l’accompagne, notamment composé de Simon Pedneault à la guitare, Émilie Pompa en guise de choriste, et de Sébastien Fontaine au clavier.

Malgré la qualité du son qui aurait pu être plus nette, la musicienne sait faire pardonner ces détails techniques en offrant généreusement des variations de ses nouvelles chansons telles que Respirer l’air ou Miroir (dont les notes résonnaient dans l’église avec la force d’un orgue), mais également de ses classiques comme Si tu savais ou Emmène-moi, exécutée en formule a cappella, avec des arrangements vocaux spectaculaires, qui, je le sais déjà, demeurera un moment marquant de la fin de semaine pour moi.

La chanteuse a également sorti de ses plus vieux albums la chanson Le vent m’appelle par mon prénom « formule église », offerte en guise de rappel, terminant ainsi le spectacle tout en douceur, le public sortant ainsi le cœur léger, prêt à respirer l’air du fleuve et à s’égayer pour les autres performances au menu de la soirée.

Crédit photo: Jay Kearney

Alice Bro

À peine remis de la performance de Marie-Pierre Arthur, c’est dans le Jardin Hydro-Québec que le public se rend afin de retrouver le banjo, l’accordéon, le violon et la contrebasse du quatuor dont on décrit le style musical comme « folk sale ». Avant de me trouver face à la scène, je me questionnais toujours sur la définition de ce genre musical, mais après la première chanson, j’ai compris. Rien d’Alice Bro n’est léché, et c’est ce qui fait le charme de sa musique. Alternant shooters à la chaîne, blagues au public et problèmes techniques avec l’accordéon, le groupe a certainement fait preuve d’authenticité. On se serait cru dans une fête de famille québécoise qui sait s’amuser : attachant, musicalement très entraînant et créant une atmosphère chaleureuse de par leurs propositions de chansons sur lesquelles il était difficile de ne pas taper des mains et shaker de la patte ! Une chose est certaine : Alice Bro était l’amuse-bouche parfait pour le spectacle suivant.

Crédit photo: Jay Kearney

Québec Redneck Bluegrass Project

Si Alice Bro est l’apéritif, Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP) est le plat principal, la bière d’accompagnement, le gâteau de fête et les nombreux digestifs qui font d’un souper une soirée arrosée qui s’allonge jusqu’aux petites heures. L’énergie de la foule était déjà palpable avant l’arrivée du quatuor sur scène, fébrile d’assister à la performance prometteuse de la tête d’affiche de la soirée d’ouverture. Débutant avec force avec leur morceau Me d’mandait ma blonde, même JP « Le Pad » Tremblay, le chanteur de la formation, semblait étonné de l’accueil que lui réservait le public de Tadoussac. Dès la première chanson, le public s’est placé en formation mosh pit, qui s’est poursuivie jusqu’à la dernière note du dernier morceau.

Crédit photo: Cloé Gagné

Voulant rendre la pareille au public en offrant un spectacle le plus généreux possible, le groupe désirait chanter le plus de « tounes » possible en créant des medleys de leurs plus grands titres, sur des thèmes tels que l’argent, l’hiver ou encore le « thème sur lequel le groupe a bâti leur carrière » : la boisson. Ces morceaux étaient accompagnés d’une scénographie Do It Yourself (« DIY »), avec des mascottes d’éléments clés des chansons, comme un modèle réduit du camion du leader du groupe.

Il s’agissait d’une performance endiablée à tous les niveaux, amenant le party sur scène comme dans la foule, et offrant de leurs plus grands classiques comme Radio Bingo, T’sais quand ça va ben ou encore Chu ben plus cool su'a brosse, l’une des dernières pièces de la soirée laissant la foule scander « J’ai soif ! »

oui merci

Lors de notre arrivée au sous-sol de l’église, la foule était encore timide, les plus fêtards du festival sûrement encore au spectacle de QRBP qui s’est étiré. Difficile d’atteindre l’énergie des têtes d’affiche, mais oui merci a tout de même offert une performance indie-pop texturée de qualité, avec des mélodies enveloppantes et une performance vocale qui m’a donné envie d’en découvrir davantage sur le groupe. Il aurait peut-être davantage trouvé sa place dans une autre case horaire du festival, terminant la première soirée en douceur plus qu’en sueur.

Crédit photo: Cloé Gagné

Si on se fie à cette première soirée de festivités, le Festival de la chanson de Tadoussac s’annonce mémorable. Il est donc maintenant temps d’affronter cette deuxième journée bien garnie, avec au programme Less Torches, Ariane Moffatt, ainsi qu’Ariane Roy. Retrouvez les autres textes sur le Festival de la chanson de Tadoussac sur ce lien.